L'aviculture dans la tourmente
Alors que les impacts du Covid-19 sont loin de s’estomper pour les filières avicoles et cunicole, une nouvelle crise sanitaire, l’influenza aviaire, frappe nos secteurs de pleins fouet, en particulier les éleveurs de palmipèdes gras du Sud-Ouest qui commençaient à se remettre des deux précédents épisodes entre 2015 et 2017.
La propagation du virus s’est intensifié à la fin de mois de décembre jusqu’à devenir incontrôlable. Face à l’absence de réactions des pouvoirs publics, à la hauteur des enjeux et de la gravité, la profession a dû intervenir en haut lieu pour alerter sur la catastrophe en cours. Depuis quelques jours les choses semblent s’être stabilisées mais les dégâts sont déjà colossaux et loin d’être tous connus et répertoriés. Tous les maillons sont touchés. Le zonage mis en place par l’Etat et la volonté d’imperméabilité quasi-totale entre zone indemne et zone sous surveillance ont conduit à des situations dramatiques sur le terrain, parfois absurdes, quand des poussins d’un jour ne peuvent pas être livrés aux éleveurs, quand des animaux sains en zones indemnes sont menacés d’euthanasie lorsqu’ils ne peuvent pas se faire abattre, quand des poulettes ne peuvent pas être livrées et qu’elles commencent à pondre dans des poulaillers non adaptés ou quand des abattoirs ferment car la plus grosse partie de leur activité est située en zone indemne mais qu’ils sont en zone de surveillance... Bien sûr il ne s’agit pas de remettre en cause les règles strictes pour empêcher la diffusion du virus, mais parfois il faut aussi du pragmatisme et du bon sens pour éviter des conséquences aux coûts énormes.
Le feu éteint, ou plutôt maîtrisé, notre priorité à la CFA, avec nos partenaires des filières et des FDSEA concernées, et avec la FNSEA, est maintenant de répertorier toutes les pertes économiques imputables à la crise : que ce soient les pertes directes ou indirectes, dans la zone de surveillance ou en dehors, les éleveurs, les accouveurs ainsi que les entreprises d’abattage et les activités annexes (transporteurs, ramasseurs, etc) devront être indemnisés.
L’autre front sanitaire, le Covid-19, est loin, lui aussi, d’être terminé. Nous continuons de nous battre pour que les éleveurs et les filières touchées soient accompagnés. C’est le cas en particuliers des éleveurs de gibier de chasse très touchés par le deuxième confinement. Nous avons obtenu, avec le SNPGC, la reconnaissance de leur activité pour bénéficier d’aides plus conséquentes du fond de solidarité. L’Etat doit maintenant agir pour faciliter le démarrage de la nouvelle saison en accompagnant les éleveurs dans la gestion de la fin de cette saison. Pour les éleveurs de canards, pigeons et cailles, l’aide de 3 millions tardent à se mettre en place mais l’enveloppe est bien actée.
Enfin, sur le front économique, l’horizon est sombre : le prix des matières continue de flamber et avec lui le prix de l’aliment pour nos animaux. Depuis le 7 janvier, les céréales ont augmenté de 15 € par tonnes, le soja de 30 €, et cela fait suite aux augmentations déjà conséquentes de la fin de l’année 2020 ! Ces hausses doivent être répercutées dans le cadre des négociations commerciales en cours sans quoi la situation sur le terrain va s’aggraver et la pérennité des entreprises menacée. Les éleveurs ne supporteront pas une remise en cause de leurs contrats, deux ans après la promulgation de la loi issue des Etats Généraux de l’Alimentation.
Une note positive cependant dans cette actualités grise : les ventes de volailles festives et de foie gras semblent s’être plutôt bien portées en décembre, preuve en est que nos produits sont plébiscités par les consommateurs français, malgré les circonstances que l’on connaît.
Malgré ce début d’année chaotique, je m’associe à toute l’équipe de la CFA pour vous transmettre nos meilleurs vœux pour l’année 2021. Nous serons à vos côtés pour défendre nos métiers, nos savoir-faire et nos revenus.