L’année qui vient de s’écouler a été largement marquée par la hausse du coût de l’alimentation. Cela a fragilisé la situation économique des élevages et conduit la CFA, avec d’autres organisations syndicales ou économiques, à se mobiliser.
Cette hausse du coût de l’aliment est venue s’ajouter aux conséquences déjà importantes sur certaines filières, de la crise sanitaire due à la Covid-19 : des éleveurs de canards, de pigeons, de cailles, de pintades ou de poulets de Bresse ont traversé des moments très difficiles dont ils ne sont pas encore sortis. Pour couronner le tout, un nouvel épisode d’influenza aviaire a sévi pendant l’hiver 2021, provoquant l’abattage préventif de plus de 3,5 millions de volailles (essentiellement des palmipèdes) et le confinement de toutes les volailles sur le territoire français : des situations très compliquées à vivre pour les éleveurs. La CFA est restée mobilisée à leurs côtés pendant toute la crise pour défendre leurs intérêts.
En parallèle, malgré une accalmie par rapport à 2019, les attaques et intrusions des ONG se poursuivent. Dans la filière œufs, elles ont commencé à s’attaquer aux élevages au sol (code 2). Par ailleurs, le Parlement et la Commission Européenne, ont répondu, au mois de juin, à l’initiative citoyenne européenne demandant l’interdiction des cages. Les deux institutions approuvent le principe d’une interdiction des cages et la Commission a lancé une étude d’impact en prévision d’une mise en place d’une telle mesure à l’horizon 2027. A aucun moment, le commissaire à l’agriculture n’a souligné le travail déjà réalisé par les éleveurs sur ce volet. La profession devra redoubler d’efforts pour communiquer sur la réalité du métier d’éleveur.
Positions et actions de la CFA
Mobilisations syndicales pour répercuter les hausses de coûts de production
Le réseau CFA a participé aux appels à mobilisation lancés par la FNSEA et JA pendant l’hiver. Si certains distributeurs ont semblé être plus à l’écoute dès le mois de janvier 2021, notamment dans la filière Volaille de chair, d’autres sont restés sourds face à la situation.
Dans la filière œuf, la situation a continué de s’aggraver conduisant la CFA à appeler à la mobilisation des éleveurs de poules pondeuses, avec l’UGPVB et les FRSEA Bretagne et Pays de la Loire le 25 février, devant les enseignes Carrefour, Casino et Aldi et à lancer un ultimatum au 15 mars pour une revalorisation des prix et la mise en place d’une indexation. La dernière étape des actions a eu lieu le 1er avril et s’est traduit par le blocage de plusieurs centres de conditionnement d’œufs dans le grand ouest pour perturber l’approvisionnement des distributeurs. Les résultats obtenus sont plutôt mitigés, en particulier dans le secteur des œufs et la pression ne faiblit pas, notamment dans le cadre du travail interprofessionnel.
La pression sociétale sur le bien-être animal ne faiblit pas
Un peu plus d'une semaine après l'annonce de la Commission Européenne répondant à l’initiative citoyenne européenne (ICE) « End the Cage Age », qui propose la suppression progressive des cages pour les animaux d'élevage d'ici la fin 2027. Le ministre de l'Agriculture français annonçait qu’un décret serait pris d’ici la fin de l’été pour interdire l’élimination des poussins mâles en 2022. Sur les deux sujets, les filières avicoles et cunicole françaises avancent, depuis plusieurs années, en cohérence avec les techniques existantes et avec les marchés. Des interdictions pures et simples, à court terme, de certaines pratiques risquent d'avoir un effet destructeur sur nos filières, en favorisant l'importation de produits en provenance de pays-tiers ou même d'Union Européenne, ne respectant pas les mêmes règles.
Les éleveurs sont prêts à changer leurs pratiques, ils les font évoluer d'ailleurs constamment et de plus en plus rapidement, parfois au détriment de la rentabilité de leur élevage ou de leur bien-être à eux. Seulement, plus les éleveurs répondent aux nouvelles attentes, plus les nouvelles attentes se multiplient. Alors que la filière œuf est en pleine transition de ses modes d'élevage, le surcoût engendré par la mise en œuvre des alternatives à l'élimination des poussins mâles est estimé à 64 millions d'euros par an. Qui va payer ?
Enfin, concernant la transformation des élevages vers le tout "hors-cage", la CFA doit s’employer à expliquer aux concitoyens qu'il y a d'importantes impasses techniques selon les secteurs : le logement individuel des animaux reproducteurs est aujourd'hui nécessaire dans le cas de bon nombre d'espèces pour éviter que les animaux ne soient agressifs entre eux (comme cela peut-être le cas dans la nature) et se blessent. Les attentes sur le bien-être animal ne doivent pas être guidées simplement par des perceptions humaines mais doivent s'appuyer sur des faits scientifiques. Les instituts techniques et de recherche ont déjà produit beaucoup de matière sur ces sujets et nous continuerons de faire en sorte que les résultats de ces travaux s'enrichissent et contribuent à des prises de décisions justes et réfléchies au niveau européen et national.
Influenza aviaire : solidarité et responsabilité
L’épisode d’influenza aviaire qu’ont subi les filières avicoles cet hiver a eu des conséquences économiques très importantes, pour tous les échelons. Dès le mois de janvier la CFA a œuvré auprès du ministère de l’agriculture pour faire en sorte qu’aucun éleveur ne soit laissé sur le bord du chemin. Dès le mois de février la CFA a également fait savoir sa position pour « l’après-crise », en matière de règles de production, notamment sur la question de la mise à l’abri des animaux pendant les périodes à risque : la CFA a demandé à mettre fin aux dérogations permettant aux élevages de moins de 3200 animaux de ne pas mettre à l’abri les animaux. Bien entendu, un accompagnement est nécessaire pour permettre aux éleveurs, notamment ceux à la tête d’outils de faible capacité, d’effectuer les investissements nécessaires. Mais il en va de la préservation d’un modèle d’élevage, basé sur le plein air, ainsi que de la préservation de tout un territoire et de savoir-faire d’excellence.