Le sujet du bien-être animal est resté en 2021 au cœur de l’actualité de nos filières. Les attaques des ONG, si elles ont baissé en intensité par rapport en 2019 sont toujours d’actualité et ciblent régulièrement les élevages avicoles ou cunicoles.
L’élevage de poules pondeuses au sol s’est vu attaqué en 2021, confirmant ainsi les inquiétudes de la filière quant à la menace que font peser ces attaques sur un système d’élevage en développement et qui, pour certains éleveurs, est la seule alternative possible aux élevages en système cage. Les élevages de volailles standards sont également régulièrement ciblés de même que les abattoirs.
D’un point de vue réglementaire, beaucoup d’évolutions sont en cours aussi bien au niveau français qu’européen. La question de la fin de l’élimination des poussins mâles est au centre des débats depuis un an, conduisant le ministre de l’Agriculture, malgré l’opposition de la filière (sur la méthode), à publier un décret interdisant l’élimination des poussins mâles à partir du 1er janvier 2022. Au niveau européen, le Parlement et la Commission nt répondu à l’initiative citoyenne européenne pour la fin des cages. Les deux institutions se sont prononcées en faveur d’une interdiction des cages. La Commission envisage une interdiction à l’horizon 2027 pour tous les élevages. Elle a par ailleurs commandité une étude d’impact, pour fin 2022, sur la faisabilité d’une telle mesure. Nos filières sont particulièrement concernées.
Les positions et actions de la CFA
Contribution à l’élaboration de la feuille de route du CNPO sur la fin de l’élimination des poussins mâles
En janvier 2021, le ministre de l’Agriculture a demandé au CNPO de lui fournir en quelques semaines, une feuille de route interprofessionnelle pour que la filière mette fin à l’élimination des poussins mâles, sans quoi, il publierait un décret d’interdiction de cette pratique.
La fin de l’élimination des poussins mâles a toujours fait consensus au sein de la filière, ou toutes les familles de l’interprofession estiment, en effet, qu’il faut mettre fin à cette pratique. En revanche, le délai de mise en œuvre, la prise en charge de son coup et sa faisabilité technique à grande échelle ont fait et font toujours partis des débats qui animent la profession.
Les travaux interprofessionnels sur la feuille de route ont abouti à un document équilibré mettant en évidence les surcoûts et la nécessaire mise en œuvre de dispositifs pour qu’ils soient pris en charge par le consommateur et ou la distribution. La CFA soutient, à ce titre, la mise en œuvre d’une cotisation volontaire étendue payée par le secteur de la distribution. En l’absence des autres secteurs (restauration, industries) à l’interprofession, seule une partie du surcoût pourrait être pris en charge par ce dispositif.
La CFA ne cessera de marteler l’incapacité totale des éleveurs à prendre en charge ne serait-ce qu’une partie du surcoût de production. C’est impossible économiquement. Il est donc urgent que l’Etat mette en œuvre les moyens nécessaires pour permettre cette transition et que les opérateurs de la distribution, restauration et industries s’engagent formellement à une prise en charge du surcoût.
La CFA très impliquée dans les travaux du Copa-Cogeca
Les derniers développements communautaires sur le bien-être animal ont été largement médiatisés. En plus de la fin des cages, la question du bien-être des animaux d’élevage est traitée dans toute sa globalité dans le cadre de la stratégie « de la ferme à la fourchette » (transport, étiquetage, densité, etc). Sur le dossier des cages, il ne fait aujourd’hui plus beaucoup de doutes qu’à moyen/long terme, les élevages avec des cages ne seront plus autorisés en Europe : la Commission et le Parlement se sont tous les deux prononcées en faveur de l’interdiction des cages. La profession devra être au rendez-vous pour faire part des impasses techniques, en fonction des espèces. Nous devrons aussi être intransigeant sur la nécessaire mise en œuvre de fond communautaires dédiés à cette transition.
La CFA participe à ce titre activement aux travaux du Copa-Cogeca dans le cadre de l’élaboration de ses argumentaires sur le dossier du bien-être animal et pousse, au niveau national, à l’élaboration de stratégies et documents communs aux filières avicoles, notamment pour mettre en avant certaines impasses techniques pour l’élevage des animaux reproducteurs. Un travail important doit aussi s’engager sur la définition du terme « cage », là aussi basé sur des données techniques et scientifiques.
Enfin, la question de la répercussion des surcoûts (en dehors des investissements de départ) est au centre de l’action que la CFA mène avec le Copa-Cogeca. Sans l’assurance d’une répercussion de ces surcoûts sur l’ensemble de la chaîne, la transition sera beaucoup plus compliquée et favorisera les importations.
Une communication proactive
Le bien-être animal est une préoccupation constante des éleveurs : c’est le cœur de leur métier. Par ailleurs, ces derniers sont constamment en train de faire évoluer leurs pratiques pour améliorer le confort de leurs animaux et l’expression de leur comportement « naturel ». Dans la filière des œufs, la CFA a lancé le site parole-aux-éleveurs.fr, qui donne la parole aux éleveurs de poules pondeuses pour qu’ils puissent faire part de leur quotidien, et qu’ils expliquent leur métier. Les éleveurs doivent prendre la parole !
Se défendre face aux attaques et au dénigrement
Le quotidien des éleveurs est de plus en plus compliqué et ils doivent toujours plus sécuriser leurs élevages pour lutter contre les intrusions illégales. La CFA, avec les interprofessions, se tiendra toujours au côté des éleveurs pour faire face, notamment sur le plan juridique.
Etiquetage du bien-être animal
Rappel : Multiplication des démarches d’étiquetage BEA, sociétal, éthique depuis plusieurs années et intensification depuis 2019 avec :
- Ferme France (toutes filières) : coopératives, groupes privés, distributeurs, syndicats démarche multi critère « globalisante »
- Étiquetage BEA / Association AEBEA (poulet) : Casino, FSO, Fermiers de Loué, Wellfarm, CIWF, LFDA, AOBA
- Travaux du LIT-Ouesterel (toutes filière): INRA, Instituts Techniques, Terrena, Carrefour, etc
- Travaux du CNA (toutes filières): pouvoirs publics, ONG, syndicats, etc
- etc…
La CFA :
- Se positionne pour un maintien de la segmentation actuelle (pas de création de nouveaux segments) mais en recréant une histoire autour de sa construction, de sa signification et de ses objectifs
- Réaffirme la priorité à donner pour l’étiquetage d’origine et le « manger français »
- S’oppose à un étiquetage BEA basé sur des notes introduisant une hiérarchie entre les systèmes d’élevage. Si étiquetage il doit y avoir, il doit être positif.
- Réaffirme que toute exigence supplémentaire dans un cahier des charges doit dégager de la valeur pour la filière